Missions locales : inquiète, l'UNML en appelle à Martin Hirsch
Si l'Union nationale des missions locales (UNML) se félicite de voir la question de la jeunesse revenir au premier plan, avec la création le 12
janvier 2009 du haut commissariat à la Jeunesse, elle n'en reste pas moins inquiète pour l'avenir. "On a peur que le nouveau haut commissaire à la
Jeunesse, Martin Hirsch, considère les missions locales comme des structures institutionnalisées, trop proches du service public et qu'elles n'ont pas un caractère suffisamment innovant
pour faire un projet d'avenir, explique Christelle Tavarès, déléguée générale de l'UNML. On estime que les missions locales ont une expertise en la matière qui n'est pas assez entendue, si
Martin Hirsch peut nous tendre la main, on pourrait faire un travail intéressant."
La déléguée générale insiste aussi sur la nécessité d'augmenter les moyens des missions locales. 162 millions d'euros leur sont attribués chaque année. Un budget qui n'a pas
évolué depuis 2005 et qui ne suffit pas à couvrir tous les frais. "On manque cruellement de moyens, détaille Christelle Tavarès, et la tendance est plutôt à la suppression de postes, comme à Nantes, où 19 personnes ont été licenciées."
De son côté, Martin Hirsch bénéficie d'un budget de 150 millions d'euros notamment pour mener des expérimentations. Autre inquiétude des missions locales : l'accord signé avec
l'ANPE arrivera à son terme fin 2009, et pour le moment aucune négociation avec le nouveau Pôle emploi n'a eu lieu. Les missions locales n'ont toujours pas d'assurance quant
au positionnement qu'elles auront face au nouvel organisme. "Il semble qu'on nous ait entendus sur le fait que la jeunesse est un public spécifique qui nécessite
un accompagnement particulier, souligne la déléguée générale de l'UNML, mais on est par ailleurs très inquiet car on voit une tendance des pouvoirs publics à se reporter auprès
d'opérateurs privés, notamment pour les contrats d'autonomie, qui ne touchent pas forcément les jeunes les plus éloignés du système, et qui coûtent cinq fois plus cher que nous !"
Dans l'immédiat, l'UNML compte donc rencontrer Martin Hirsch pour discuter de ces points à éclaircir. Elle espère aussi que les missions locales pourront participer aux
expérimentations que le nouveau haut commissaire va mener.
Emilie Zapalski, publié le 23 janvier 2009 par Localtis
www.localtis.info/servlet/ContentServer?c=artVeille&pagename=Localtis%2FartVeille%2FartVeille&cid=1232603484326
Communiqué de l’UNML (23/01/2009) :
"Les principaux acteurs de l’insertion des jeunes seront-ils enfin entendus
?
L’Union Nationale des Missions Locales, PAIO et organismes d’insertion sociale et professionnelle (UNML) prend acte de la création d’un Haut-commissariat à la
Jeunesse. Nous espérons que cette initiative marque enfin la prise en compte de la question de l’insertion des jeunes et des difficultés spécifiques auxquelles ces derniers doivent faire face. A
cette occasion, l’UNML souhaite rappeler qu’elle a toujours plaidé pour un traitement spécifique de la question de l’insertion des jeunes et le maintien de l’accompagnement globalisé (emploi,
formation, logement, santé, mobilité, situations d’urgences…) et individualisé des jeunes par un référent unique ainsi que les Missions Locales le pratiquent depuis de nombreuses années.
Dans la période à venir qui s’annonce tendue en termes d’emploi en général, et d’emploi des jeunes en particulier, l’UNML souhaite qu’un signal fort soit envoyé au réseau national des Missions
Locales pour conforter et sécuriser son action en faveur de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. En effet, l’année 2008 a été marquée par des difficultés financières qui ont amené
de nombreuses structures à procéder à des suppressions d’emploi, voire à des licenciements, alors même que le nombre de jeunes accueillis repartait à la hausse. Les financements globaux attribués
aux Missions Locales restent stables depuis le Plan Borloo en 2005 (loi de programmation pour la cohésion sociale), mais ce maintien ne prend pas en comptes l’augmentation des charges des
structures. Le montant de 150 millions d’euros alloués à la mission de Monsieur Martin Hirsch représente un investissement important pour mener des expérimentations (à rapprocher des 162 millions
consacrés annuellement aux Missions Locales), mais il serait judicieux de se demander si un renforcement des financements alloués aux Missions locales pour l’accompagnement des jeunes dans leur
processus d’insertion n’aurait pas également dû être envisagé.
CONNAISSANCE DE L’EXISTANT ?
Au vu des travaux menés dans le cadre du Grenelle de l’Insertion, l’UNML s’inquiète d’une éventuelle méconnaissance de l’action et des résultats du travail des Missions Locales et PAIO. En effet,
les Missions Locales n’ont été que très peu associées aux travaux du Grenelle de l’Insertion, qui avaient pourtant débouchés sur des préconisations reprenant précisément leur activité en faveur
des jeunes (référent unique, accompagnement global prenant en compte les aspects professionnels et sociaux de la situation des jeunes). De plus, certaines déclarations de Monsieur le Haut
commissaire à la Jeunesse laissent à penser que l’existence, l’expérience et l’expertise des Missions Locales, voire la pertinence de leur action, ne sont pas suffisamment connus. Il est ainsi
étonnant qu’un réseau qui accueille plus de « 6 jeunes sur 10 sortants du système scolaire peu ou pas qualifiés ou diplômés dans l’année qui suit leur sortie du système éducatif » (source DARES
n°51.1 du décembre 2008) se voit reprocher de n’accueillir que les jeunes « laissés pour compte par l’Education nationale » qui le croiseraient « éventuellement par hasard » (déclaration de
Martin Hirsch à RTL le 14 janvier).
Il semble que face à l’urgence de la situation, et aux perspectives en termes d’emploi des jeunes, il serait plus efficace de prendre en compte les résultats et le travail du réseau des
Missions Locales et de l’associer dès le début des travaux qui se mettent déjà en place. L’UNML va prendre contact dans les plus brefs délais avec Monsieur Martin Hirsch pour solliciter une
audience et se met dès aujourd’hui à sa disposition pour participer aux réunions opérationnelles.
DES RESULTATS AVERES
Pour mémoire, les Missions Locales sont l’opérateur principal de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes de 16 à 25 ans en France, avec une vraie délégation de service public inscrite
dans le code du travail. Majoritairement constituées sous statut associatif, elles sont administrées par des élus locaux et bénéficient de financements à tous les échelons de collectivités en
fonction de leurs compétences respectives : Etat, Région, Département, Communes et communautés de Communes. A cela s’ajoutent des financements européens, par le biais du FSE, sur des projets
déterminés. Par ailleurs, l’activité des Missions Locales peut être suivie en temps réel grâce au système d’information du réseau, baptisé « Parcours 3 ». De même, l’utilisation des financements
publics accordés aux Missions Locales peut faire l’objet d’un suivi précis de la part de l’Etat dans la mesure où toutes les structures sont maintenant passées à une comptabilité analytique dans
le cadre de la négociation avec les services de l’Etat de conventions pluriannuelles d’objectifs (CPO) permettant de mesurer leurs performances. Par ces CPO, signées par chaque Mission Locale,
les services de l’Etat assujettissent les financements octroyés aux Missions Locales à l’atteinte d’objectifs précis résultant du dialogue de gestion ! Selon les chiffres rendus publics en
décembre dernier par la DARES, en 2007, 1 130 000 jeunes de 16 à 25 ans ont été en contact avec le réseau des Missions Locales et PAIO (permanences d’accueil, d’information et d’orientation).
Parmi eux, 995 000 ont été reçus en entretien individuel par un conseiller. Au total, ce sont près de 3,6 millions d’entretiens individuels qui ont été assurés en 2007. En 2007, les jeunes reçus
en entretien individuel ont signé 446 000 contrats de travail classiques et 91 000 contrats aidés ou en alternance, soit une hausse de près de 6% par rapport à l’année précédente, tous types de
contrat de travail confondus. De plus, les jeunes suivis par les Missions locales ont suivi 234 000 formations en 2007. A ce titre, seules les Missions Locales sont prescriptrices de formation
dans la quasi-totalité des Régions dans le cadre des plans régionaux de formation (PRF). Enfin, parmi les jeunes accueillis pour la première fois par le réseau en 2007, 26% ont accédé à un emploi
et 17% à une formation dans les six mois suivant leur premier accueil. Dans les zones urbaines sensibles (ZUS), les Missions Locales ont accompagné 175 000 jeunes, dont 21% ont trouvé un emploi
dans les 6 mois suivant le début de leur accompagnement.
L’UNML
L’Union nationale des Missions Locales, PAIO et organismes d’insertion sociale et professionnelle (UNML), regroupe en son sein les élus qui assument la fonction de président ou d’administrateur
au sein d’une Mission Locale, d’une PAIO ou d’un organisme d’insertion. Elle assure la double compétence de syndicat employeur et d’union nationale chargée d’animer le réseau de l’insertion des
jeunes et d’en être l’expression. Les principales missions que l’UNML s’est assignée consistent à accompagner au quotidien ses adhérents pour les aider dans leur gestion, mais aussi à mutualiser
et diffuser les meilleures pratiques au sein du réseau.
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