L'éducation est le thème d'ouverture du 94e Congrés de l'AMF. Les maires réaffirment leur attachement à l'école mais veulent être consultés sur les changements qui s'annoncent : fermetures de classes, modification des rythmes scolaires, équipements numériques. Le ministre de l'Education nationale promet une meilleure concertation.
"L'éducation c'est une charrette qu'il faut tirer à deux ; mais pour ce faire, il faut une large
concertation !" Cette exclamation de Pierre-Yves Jardel, maire d'Orbais-l'Abbaye et président du groupe de travail éducation à l'Association des
maires de France (AMF), illustre bien l'ambiance de la séance plénière du 94e Congrès des maires intitulée "Réussite scolaire : quelle ambition des maires pour
l'école de demain ?", ce 22 novembre. La concertation est donc une fois encore revenue comme un leitmotiv tout au long des interventions, tant au moment d'aborder l'organisation
territoriale actuelle de l'école que lors de la séquence consacrée à l'offre scolaire (rythmes scolaires et numérique à l'école).
Les maires tiennent à leur école, ils l'ont redit, ont répété que l'éducation était le premier poste budgétaire des communes, qu'ils "étaient toujours
prêts à faire des efforts" (Pierre-Yves Jardel) et ont expliqué à nouveau que les fermetures de classes – en particulier dans les territoires
ruraux - peuvent conduire à des fermetures d'école condamnant ainsi la commune. Sans surprise, la question des suppressions des postes d'enseignants et les méthodes d''élaboration de la
carte scolaire ont été au centre de la première partie de cette plénière. C'est une concertation avec les inspections d'académie qui est réclamée "pour avoir un
minimum de visibilité à moyen terme, nous voulons une convention pluriannuelle sur l'évolution de la carte scolaire et non plus une réunion annuelle comme
actuellement", a expliqué Christian Montin, maire de Marcolès (15), dont la priorité affichée est le maillage du territoire. "Une école fermée est une perte de vitalité. Pour nous, l'école est un enjeu fondamental pour la dynamique du territoire", a renchéri
Françoise Cartron, maire d'Artigues-près-Bordeaux (33), sénatrice de Gironde. Egalement auteure de la proposition de loi sur la scolarité obligatoire à trois ans (lire notre
article du 7 novembre), elle a de nouveau plaidé en faveur de la scolarisation avancée "outil de lutte contre l'échec scolaire et donc contre l'inégalité
sociale".
Concertation nécessaire également pour Jean-Claude Carle, sénateur de la Haute-Savoie et rapporteur de la mission commune d'information sur le système scolaire (lire notre
article du 22 juin), qui a estimé indispensable de passer "d'une gestion de la circulaire à une gestion de contrat avec les collectivités
territoriales" et recommande plus de concertation avec les élus.
Concertation promise
En réponse, une concertation promise par le ministre de l'Education Luc Chatel. "J'ai demandé aux
inspecteurs d'académie de ne pas se fixer de règles trop rigides dans leurs discussions avec les élus locaux sur les ouvertures et les fermetures de classes", a-t-il affirmé.
"Les réalités et les solutions ne sont pas forcément les mêmes d'un département à l'autre et les inspecteurs ont une marge de manœuvre sur le terrain
pour adapter la carte des établissements aux réalités démographiques locales", a-t-il poursuivi.
De concertation, il a été aussi question dans le deuxième temps de la plénière et particulièrement sur le sujet des rythmes scolaires. Les élus sont manifestement encore traumatisés par ce
qu'ils appellent "l'épisode Darcos" (rentrée 2008, NDLR). "Le plus désagréable, c'est de recevoir des circulaires, sans avoir été
averti", s'est exclamé Pierre-Yves Jardel. "La concertation a lieu et nous prenons notre temps", lui a répondu le
ministre. "Les partenaires sociaux sont actuellement consultés", a précisé Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire qui annonce les
"premiers impacts pour la rentrée 2013".
Pas de concertation cependant sur le sujet des écoles numériques rurales, et pour cause : l'expérimentation ne sera pas reconduite. Jean-Michel Blanquer l'a confirmé
"ce plan était exceptionnel" et "l'équipement des écoles est du ressort des
communes" . Au grand regret des communes "recalées" qui, pour beaucoup d'entre elles, ont des équipements informatiques obsolètes comme l'a expliqué
Roger Chassagnard, maire de Laguenne (19). Destiné à l'origine à 5.000 communes, avec une dotation initiale de 50 millions d'euros, puis étendu à 6.700, à la demande de
l'Association des maires ruraux de France, avec une rallonge de 17 millions d'euros, le plan ENR (école numérique rurale) a enregistré plus de 8.000 candidatures.
Une dernière réflexion/recommandation de Pierre-Yves Jardel s'adressant à ses collègues élus : "Nous avons nous aussi besoin de partager
entre nous sur toutes ces questions..."
Catherine Ficat, Publié le mardi 22 novembre 2011 par localtis
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