Après une phase de croissance, les emplois verts ont été à leur tour victimes de la crise. Quelques milliers ont été supprimés l'an dernier.
Ce qui est bon pour l’environnement et bon pour l’emploi. À en croire les dernières statistiques analysées par le Commissariat général du développement durable, les écoactivités ont mobilisé 427 100 emplois en 2009, en hausse de 0,7 % par rapport à 2008, tandis que la production des écoactivités a atteint 64,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. “Ces indicateurs mettent en évidence le dynamisme des écoactivités”, soulignent les experts du Commissariat.
Les deux secteurs qui concentrent le plus de main-d’œuvre sont la protection de l’environnement, avec 257 000 emplois, et la gestion des ressources, avec 112 000 emplois. Si ces emplois entrent dans la catégorie du “business vert” stricto sensu, d’autres, qui n’ont pas exactement pour finalité la protection de l’environnement, sont aussi comptabilisés dans la mesure où ils permettent aux entreprises de répondre à des besoins émergents liés au Grenelle de l’environnement.
Trou d’air
L’objectif de la France est, rappelons-le, de porter de 10 à 23 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie d’ici 2020. Si la proportion n’est encore que de 13 % aujourd’hui, “les premières années du Grenelle ont été une rampe de lancement formidable pour nos industriels”, assure Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui s’exprimait, le 7 février dernier, lors du colloque annuel de ce syndicat qui fédère l’ensemble des acteurs du secteur.
Mais le vent nouveau qui souffle sur les éoliennes, la biomasse, l’hydroélectricité ou le solaire ne doit pas masquer que l’ensemble de ces filières est aussi très sensible au contexte socio-économique. “Les énergies renouvelables demandent des capitaux pour se développer, souligne Damien Mathon, délégué général du SER. Or en période de crise, les banques sont forcément plus frileuses.” L’éolien subit un premier ralentissement, tandis que le photovoltaïque, qui emploie en tout 58 000 personnes, a été touché par le revirement tarifaire décidé par le gouvernement en mars 2011 pour mettre fin à la surchauffe dans le secteur. Le solaire a en quelque sorte été victime de son succès, avec des installations massives de panneaux ; le gouvernement, craignant l’apparition d’une bulle spéculative, a dû mettre le holà en baissant de 20 % le prix de rachat de l’électricité par EDF.
Résultat : les emplois dans le solaire auraient chuté de moitié et plongé la principale société, Photowatt, dans le rouge. Dans un autre domaine, le Commissariat au développement durable a pointé, dans sa note de mars 2011, “un repli des travaux d’isolation”, induisant “une diminution de l’activité industrielle dans le domaine de la maîtrise de l’énergie” et évalué finement une perte de 1 200 emplois.
Malgré ces renversements de tendance, les acteurs du secteur demeurent optimistes, conscients du formidable potentiel représenté par ce “mix” d’énergies renouvelables. Le SER a fait ses calculs : d’ici 2020, le nombre d’emplois dans les énergies renouvelables pourrait doubler pour atteindre les 224 000.
Publié le 21/03/2012 dans Acteurs Publics
http://www.acteurspublics.com/article/21-03-12/temps-mitige-pour-le-business-vert
Les 6 principales filières des métiers verts
Photovoltaïque 18 800 emplois
Chauffage au bois 18 183 emplois
Hydraulique 15 000 emplois
Géothermie 11 704 emplois
Biomasse 13 500 emplois
Éolien 8 100 emplois
Source : SER, sur la base des emplois directs, en 2010