Le collectif Laissons pousser ! invite les habitants d'Ile-de-France à répandre des graines afin de garantir la diversité de la flore
Nul besoin de vivre aux champs pour semer à tout vent. C'est en pleine ville que les militants du collectif Laissons pousser ! sèment des graines de fleurs sauvages. Cette association écologiste, qui espère la floraison de « mini-prairies dans des espaces urbains délaissés », distribue gratuitement de petits sachets de graines aux habitants de l'Ile-de-France.
L'initiative, baptisée « Guérilla gardening » dans les villes britanniques et américaines, prend depuis quelques mois de l'ampleur en France. « Semer des graines, c'est aussi garantir la diversité des plantations », assure une bénévole qui relaie l'action de Laissons pousser ! au marché de la rue Montorgueil, au coeur de la capitale.
Cette militante, membre du conseil de quartier, a posé sur une chaise empruntée à un bistrot quelques pincées de graines de roses trémières empaquetées dans des feuilles de papier blanc. A même le sol traînent des pots de yaourt contenant des boutures de géranium, une feuille de palmier ou ce petit sedum « arrivé tout seul sur mon balcon il y a quinze ans », précise-t-elle.
D'autres bénévoles ont installé une table garnie de livres destinés à être échangés gratuitement. Les deux opérations visent à développer « l'échange non marchand », indique la militante.
Les passants apportent des boutures, se servent en graines, qu'ils sont invités à semer d'un geste auguste. Dominique Perrois, père de famille, a l'intention de « disséminer des plantes dans les jardins parisiens ». Voici quelques années, des semailles désordonnées avaient transformé des terrains vagues proches de la gare d'Austerlitz en « champs de coquelicots », se souvient-il.
A Nanterre (Hauts-de-Seine), la municipalité organise régulièrement des « plantations collectives » sur des parcelles non bâties ou des réserves foncières. La démarche, qui s'accompagne d'une distribution de sachets de graines, ne vise pas tant à préserver la biodiversité qu'à «sensibiliser la population à l'environnement et à l'entretien des espaces verts », indique Stéphanie Moncomble, à la mairie.
A proximité de la porte Montmartre, dans le 18e arrondissement de Paris, Naïma Taleb, metteuse en scène, organise des événements à vocation artistique et sociale. « Dans ce quartier que l'on dit violent, l'opération permet aux nouveaux venus de s'approprier leur pays d'accueil », avance-t-elle.
Cette passion des citadins pour les plantes sauvages ne manque pas de susciter l'ironie. « Il n'y a qu'en ville qu'on s'intéresse au sort des orties blanches », s'amuse l'une des membres du collectif Laissons pousser !
Olivier Razemon, Article paru dans l'édition du 17.08.10 de