Raphaël Wintrebert, sociologue, enseignant à l’université René Descartes (Paris V) a lancé, en mai 2010, la publication d’une série d’articles sur ses propositions pour une réforme du système de formation professionnelle continue, qui sont publiés sur le site de l'Observatoire Jeunes et Travail (Ob-jet, Saint Ouen), dont il est le directeur. Ces réflexions font suite à une étude sur le système de formation professionnelle qu’il a conduit.
Pour le chercheur, « le modèle de protection sociale français est fondé sur une logique bismarckienne, c’est-à-dire sur la centralité du statut professionnel dans l’acquisition des droits sociaux. Or si ce modèle semblait globalement efficace dans le cadre d’un développement économique industriel, d’un noyau familial relativement stable et d’un Etat national fort, il paraît moins adapté aujourd’hui en raison d’un nouveau mode d’organisation caractérisé par des entreprises de services, des situations familiales diversifiées (et davantage précaires) et un Etat national inscrit dans un processus de mondialisation qui le dépasse et qui, à bien des égards, le contraint. »
Il propose d’aller vers une personnalisation de la formation, plaçant les individus au cœur du système. Son deuxième article, daté du 25 mai 2010, propose une « nouvelle architecture politique et organisationnelle ». Il propose de passer d’une gestion par de la formation professionnelle continue (FPC) par branche professionnelle ou nationale à une gouvernance territoriale confiée aux conseils régionaux et aux partenaires sociaux.
Il suggère de définir deux instances d’orientation stratégique. D’abord des Agences régionales pour l’orientation, la professionnalisation et l’apprentissage afin d’articuler enseignement (scolaire, universitaire, professionnel) et entreprises. Ensuite des Agences pour la formation professionnelle (elles aussi régionales), qui deviendraient la seule instance prescriptive de formation, aussi bien pour les salariés que pour les demandeurs d’emploi.
Enfin la déclinaison locale des politiques de formation pourrait se faire par l’intermédiaire de Maisons de l’Orientation, de la Formation et de l’Emploi (MOFE). Raphaël Wintrebert insiste sur l’importance de « scinder clairement, dans les modes de prescription du moins, ce qui relève de la formation de ce qui relève de la recherche d’emploi. »
Il faut, selon l’universitaire, « distinguer clairement, au niveau politique, le champ de la FPC du Service Public de l’Emploi (SPE), et en même temps d’inscrire, au niveau opérationnel, la FPC dans des Maisons de l’emploi élargies et rebaptisées « Maisons de l’Orientation, de la Formation et de l’Emploi » (MOFE). »
Raphaël Wintrebert plaide donc pour des processus de formation qui aillent de l’individu (avec sa demande de formation plus ou moins bien formalisée) aux instances décisionnelles qui valident les projets individuels et, à un niveau plus général, définissent les politiques de FPC.
http://www.emploietcreation.info/article-personnaliser-la-formation-continue-51367712.html